To be or not to be...
Chers anonymes,
cela fait si longtemps que je ne suis pas venu écrire. La vie suit son cours. J'avance. Doucement. Surement. Mais non sans difficultés.
Le Dr C. l'avait dit : "attention, 3 couples sur 4 se séparent suite à un bypass". Je confirme donc.
J'ai créé ce blog pour "passer le relais". Pour partager avec celles et ceux qui souffrent de l'obésité et qui veulent en sortir. Il ne serait pas honnête de ma part de ne pas aujourd'hui vous alerter sur le changement radicale de vie qui peut se produire.
Le temps aidant, la vie faisant son oeuvre, il arrive qu'un couple ne s'entende plus. Il arrive dans la vie que l'on rencontre une autre personne. Il arrive qu'on tombe amoureux de cette autre personne. Il arrive qu'on quitte son mari. Il arrive qu'on fasse des choix difficiles parce que justement, on a pas d'autre choix que de prendre sa vie en main.
Et bien, chers anonymes, il faut que vous sachiez que votre obésité, votre opération, sera au coeur de tout cela. Peu importe les raisons de l'échec de votre mariage : les années d'obésité, l'opération seront clairement mis en cause. Si vous quittez votre conjoint, on vous dira que vous êtes injuste, qu'il est resté "alors que vous étiez obèse"... Si c'est votre conjoint qui vous quitte, on vous dira qu'il n'en pouvais plus. Que vous avez "changé" depuis votre opération.
Vous qui vous demandez si vous devez vous faire opérer, je vous le dis : FONCEZ ! Mais pas tête baissée. Soyez prêt(e) à avoir envie de reconstruire, de bâtir... ce qui nécessite parfois des sacrifices. Aujourd'hui, ceux qui voulaient tant que je perde tout ce poids, sont blessé par le fait que j'ai "changé". Oui j'ai "changé". On clâme haut et fort "MAIS JE SUIS TOUJOURS LA MEME PERSONNE A L'INTERIEUR"... C'est entièrement faux !!!! On est plus jamais la même. On évolue. On avance. On a envie de milliards de choses.
Pour en revenir au couple, si cela va mal avec votre conjoint, faites vous suivre tous les deux avant, pendant et après l'opération. Ainsi, on ne pourra pas vous dire que "depuis que tu as maigri, tu détruis toute ta vie d'avant". On ne pourra pas vous dire "tu te rends compte, il a passé 10 ans a supporter ton obésité et toi tu le quitte maintenant que vous pourriez en profiter". On ne pourra pas vous dire "Quel gâchis!". Si vous vous faites aider, mais que malgré tout vous quittez votre conjoint, on vous dira "c'est la vie, c'est comme ça", on ne vous dira pas "tu jettes tout, tu tires un trait sur tout depuis ton opération... tu aurais dû te faire suivre psychologiquement"... On ne vous culpabilisera pas sur ces années d'obésité. On ne vous dira pas que vous n'avez pas vraiment passé 5 ans à vous occuper de votre fille mais plus à larver sur le canapé pendant que monsieur trimait... On ne vous demandera pas de partir sans rien réclamer car après tout, vous avez passé 10 ans à être un "poids" pour lui...
Attendez-vous à un chamboulement émotionnel. Attendez vous à devoir gérer un séïsme. Votre vie va radicalement changée. Vous ferez les choix qui s'imposeront à vous. Vous ferez des erreurs. Vous ferez aussi de bons choix.
Si c'était à refaire, je referai exactement la même chose. Je n'ai aucun regret. Je vis. Je ne survis plus. Et rien que pour ça, ça vaut le coup.
J'ai perdu 60 kg depuis mon opération ce 19 novembre 2009. J'ai stabilisé. Je n'ai pas repris un gramme. Mes cheveux ont repoussés. Ils ont repris en densité. Je fais parfois des dumping syndromes car je ne fais pas attention à mon alimentation tous les jours (car je n'ai pas eu de lobotomie). Cela me fais vomir. Mais surtout, cela peu aller jusqu'à une semi-perte de connaissance dans les malaises les plus lourds.
Aujourd'hui, je suis heureuse. J'assume mes choix. Comme n'importe qui. J'ai 35 ans et je suis enfin une adulte responsable qui veut construire. Je ne détruis plus. Ni mon corps ni ma vie. Je résiste aux tentatives de certaines personnes de vouloir me faire culpabiliser "d'avoir changé" et je vous assure que c'est parfois trés dur.
Je suis une ancienne obèse. Mais je ne suis pas que ça.
Pas si intimement.